INTRODUCTION
Dès le début du 20e siècle, plusieurs centres-villes ont été transformés par le courant modernisme. L’urbanisme fonctionnaliste est un des résultats de ce courant. Pour mieux comprendre cette tendance de l’époque, il suffit de penser à une ville éclatée en différentes zones. Ces zones représentent chacune une affectation ou une fonction distincte. Pour former les zones, les secteurs ont été rassemblés en lieu ayant des activités semblables, comme par exemple un secteur commercial, industriel, résidentiel ou même institutionnel, voir la figure 1.1 pour un exemple (David Paradis, 2013).
Malgré les demandes de revitalisation des centres-villes, certains poursuivent le développement des centres d’affaires unifonctionnels. Dû à cette forte croissance, plusieurs problématiques font surface. Il y a ainsi une perte d’urbanité. Pour plusieurs architectes, l’urbanité montre une différente typologie de bâtiments. Pour les urbanistes et les designers urbains, celle-ci représente l’efficacité des transports publics et des rues piétonnes (Alejandro Busa, 2007). Selon Jan Schewer, l’urbanité peut-être représentée par le courant anti-moderniste (reprit par Alejandro Busa, 2007). Ce courant est une réaction contre les développements de l’après-guerre, comme par exemple le « Broadacre City, 1945 » de Frank Lloyd Wright et la « Ville Radieuse, 1933 » de Le Corbusier. Le développement unifonctionnel, des centres d’affaires et par le fait même des banlieues, entraine plusieurs répercutions sur la qualité de vie dans les centres-villes. Une certaine ségrégation se forme entre les différentes classes sociales. Pour résoudre les problématiques ressenties dans les secteurs unifonctionnels des centres-villes, certaines mesures de revitalisations peuvent être pratiquées. Jane Jacobs propose une planification de la ville qui favorise les interactions entre individus, les courtes rues et la mixité des fonctions dans les villes (reprit par Alejandro Busa, 2007). La diversité rend ainsi la ville plus attrayante et peut être la source de la production économique. Différents facteurs peuvent influencer la mixité urbaine des fonctions. Les milieux urbains, par les secteurs multiculturels, les différences ethniques et les classes sociales homogènes, en sont des facteurs importants et par le fait même des résultats de l’urbanisme fonctionnel. La mixité des fonctions touche à plusieurs éléments de la ville. La densification de la ville par la mixité des fonctions peut avoir plusieurs répercutions sur diverses éléments qui la rendraient attirante tel que le développement des transports en commun. D’un autre côté, la ville densifiée fait l’objet de mixité sociale et de mixité physique (Evans et Foord, 2007). Le but premier de ces mixités est d’améliorer la qualité de vie des habitants.
LA MODERNITÉ SOUS L’ANGLE DE LA MIXITÉ DES FONCTIONS
Le courant modernisme a simplifié l’urbanisme des grandes villes en ne reflétant pas une vision qui représente la vie urbaine répondant aux réels besoins des usagers. La mixité des fonctions appréciables des anciennes villes de la fin du 19e siècle, fait place à la mono-fonctionnalité des espaces et des bâtiments au cœur des centres-villes. Pour faire suite à l’industrialisation et à la première guerre mondiale, les planificateurs urbains modernistes ont voulu développer de nouvelles villes «plus propres», mieux gérées, où les piétons ne croisent aucun véhicule et où les activités sont cantonnées en fonctions semblables, dans le but de créer une cohérence. Bien que présentée comme un intérêt public, cette vision de créer une nouvelle ville ne faisait pas l’unanimité (Fainstein, 2005).
En effet, ce courant est vu comme une vision singulière de la ville ne tenant pas compte des autres visions d’organisation spatiale, plus complètes, que la ville aurait pu prendre. Tout en diminuant l’inconfort procuré par les villes industrielles, les planificateurs urbains auraient pu améliorés les conditions de vie de la population désavantagée par ces villes industrielles (C. Scott, 1998; reprit par Fainstein, 2005). Au lieu de cela, ils ont proposé de séparer les fonctions, augmentant ainsi l’efficacité plutôt que l’équité en visant l’uniformité.
En lien avec le courant modernisme, Daniel Burnham influence les principes de planifications urbaines avec son concept de «masterplan» qui représentait une forme d’idéologie. Ce ne fut qu’après la période de la deuxième guerre mondiale que les critiques urbains soulevèrent les problématiques propres à ce courant. En effet, dans les années ’30, cette restructuration urbaine semblait être une prise de décision réformiste menant à une solution contre la Grande Dépression suivant la crise économique de 1929. Elle semblait vouloir améliorer la ville et l’assainir par rapport à ce qu’elle représentait après la révolution industrielle.
Immédiatement après la deuxième guerre mondiale, les mesures gouvernementales ont emboité le pas et ont sponsorisé de nouvelles villes et centres urbains, désertant les centres actuels mono-fonctionnels. La fusion du modernisme et du désir Haussmanien de reconstruction urbaine d’après-guerre, a eu pour seul effet de produire davantage de constructions en béton et une multitude d’autoroute traversant les villes pour rejoindre les différents pôles de fonctions séparées (Fainstein, 2005).
Ensuite, selon Fainstein (2005), dans la deuxième moitié du 20e siècle, la conservation du tissu urbain est venu freiner et contaminer les nouveaux projets de restructurations urbaines dans les centres existants. Les auteurs et théoriciens de différents domaines ont, depuis les années ’60, apporté des stratégies éloquentes stimulant l’hétérogénéité physique ainsi que sociale afin d’améliorer la qualité de vie en centre urbain pour redonner une mixité de fonctions à ceux-ci. La plus influente d’entre eux est, selon Fainstein (2005), Jane Jacobs qui prétend qu’une ville basée sur une multitude de fonctions différentes amène une diversité économique et sociale. Selon Jacobs, les gens aiment les villes qui sont densément peuplées offrant de petites rues, une mixité de fonctions et permettant une multitude d’interactions entres les usagers de celles-ci (Jacobs, 1961; reprit par Fainstein, 2005).
La mixité de fonctions au sein de la réhabilitation des centres-villes représente la nouvelle ligne de conduite des urbanistes. Cela constitue, d’une certaine manière, l’antithèse de la précédente direction que prenait le design urbain qui consistait en la ségrégation de la ville en l’homogénéité des pôles de fonctions. Cette doctrine correspond aux obsessions d’ordre, d’efficacité, de protection et de propreté autour desquelles tournaient les valeurs du modernisme. Ces obsessions ont ensuite été vues comme le produit de la lassitude et de la discrimination face aux changements de mixité ethnique, sociale, économique, architecturale et urbaine.
Ce courant, malgré qu’éteint, impose toujours son influence dans la vie quotidienne des citadins de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Influence entre autre observable avec cette dépendance à la voiture à laquelle est attachée l’usager de la ville voulant se déplacer d’un pôle à l’autre. Il s’agit d’une conséquence directe du courant modernisme. Selon Thompson, l’urbanité est caractérisée par la diversité, la densité et l’interaction sociale, l’inverse de la vie de banlieue influencée par la modernité (Thompson,2007; reprit par Busà, 2007)
Les vingt dernières années quant à elles sont une progression et une tentative de rupture du plan moderniste. On s’éloigne de plus en plus du district urbain mono-fonctionnel et de l’érosion de l’interaction social du développement suburbain (Lees, 2012). Le retour en arrière est maintenant difficile puisque les petits commerces de proximité relocalisés suite à l’unification du modernisme, sont maintenant regroupés dans les centres commerciaux périurbains. De plus, ces centres commerciaux ont dû être relié par des autoroutes devenues barrières urbaines.
LES CARACTÉRISTIQUES QUI PEUVENT INFLUENCER LA MIXITÉ
Plusieurs caractéristiques ont, au cours de l’évolution de la ville, influencé la mixité des fonctions au sein de celle-ci. Encore aujourd’hui, ces aspects de l’urbanité, maintiennent la ville dans un cadre de mono-fonctionnalisme et évoluent lentement vers l’utopie que nous espérons.
Certains théoriciens et urbanistes qui, de nos jours, pensent les nouveaux centres-villes ont l’objectif et le souhait de stimuler la croissance démographique et physique. Pour eux, atteindre l’équité sociale et urbaine, est la clé pour une mixité de fonctions tant au point de vue urbain physique que social. En accord avec Fainstein (2005), la diversité attire le capital humain, encourage les innovations et assure l’équité et l’égalité des accès à une variété de groupes. La meilleure approche pour tendre vers cet objectif serait d’augmenter la diversité à la fois, au sein de la société, de la base économique, et de l’environnement bâti.
La polarisation des fonctions en centre urbain amène le phénomène de nouveaux centres. Ces derniers sont situés au croisement entre deux mouvements, ou manières de changer la vieille ville. Il y a un désir d’amplification de la signification des vieux centres avec l’embourgeoisement parallèlement à la formation de nouvelle centralité, tout en changeant une urbanité sous les conditions de la société contemporaine globalisée ou société mondiale (Helbrecht and Dirksmeier, 2012).
Puisque la globalisation mène à une diminution de l’importance de la signification de vieux centres dû à la décontextualisation de ces derniers, les nouveaux centres-villes ne devraient pas seulement offrir un équilibre entre l’habituel et l’anormal, mais aussi des avantages spatiaux ou des «scènes» s’ils veulent mettre l’emphase sur un événement ou un aspect particulier et marquant de la ville ce qui aurait pour effet de valoriser la centralité urbaine par l’économie (Helbrecht and Dirksmeier, 2012).
Un exemple amené par Susan Fainstein (2005) est le cas d’Amsterdam et comment son contraste entre le vieux et le nouveau centre est la preuve que l’homogénéité architecturale et rurale peut amener une mixité de fonction. En effet, dans l’enceinte du vieux Amsterdam il est obligatoire d’avoir une diversité sociale et économique; une juxtaposition entre les ateliers d’artistes, les lieux de divertissement, les résidences et les bureaux côte à côte est apportée. Aussi, par des subsides gouvernementaux, le coût du loyer en centre urbain historique est adapté en fonction du salaire de la classe moyenne, ce qui peut intervenir dans la mixité ethnique et des classes sociales.
Dans la suite des évènements historiques, le postmodernisme est venu générer une nouvelle tentative de mixité en intégrant des pôles d’intérêts touristiques et de divertissement qui auront pour effet d’amener une synergie qui promeut l’économie et la productivité (Fainstein, 2005). Un quartier homogène en terme d’ethnicité peut créer un pôle touristique. Malgré le fait qu’il contribue à la mono-fonction du lieu, il entraîne un aspect économique d’importance pour les grandes villes. L’exemple de Chinatown à New York est l’un des plus flagrant et explicite pour dénoncer l’homogénéité urbaine. En effet, tout comme Time Square, il représente un pôle de vitalité urbaine et économique. Toutefois, ils peuvent être vu en tant que mixité de production et de consommation qui prennent place simultanément (Sassen and Roost, 1999), créant ainsi un engrenage économique pouvant tendre vers une mixité dites économique et sociale. Néanmoins, il ne s’agit pas encore d’une mixité complète car elle n’implique pas une équité social au même titre que la croissance économique (Florida, 2002 reprit par Fainstein, 2005), accentuant ainsi une forme de ségrégation entre certaines parties de la ville.
D’un point de vue de l’organisation spatiale urbaine, les polarités créent des désavantages. Cependant, d’un point de vue social elle a amené une productivité économique, et une tolérance, qui a mené à l’acceptation; comme par exemple les quartiers guais ou certains quartiers ethniques. Une fois un quartier bien intégré au sein de la ville, les citoyens l’acceptent et au fil du temps, deviennent enclin à permettre une mixité sociale dans de nouveaux quartiers (Florida, 2002; reprit par Fainstein, 2005). C’est le cas des anciens quartiers industriels réhabilités qui amènent une mixité sociale d’artistes avec leurs galerie d’arts aux rez-de-chaussée et des gens plus aisés dans les nouveaux lofts des derniers étages, par exemple.
LE DÉVELOPPEMENT DE LA MIXITÉ PHYSIQUE ET SOCIALE
Pour améliorer la qualité de vie d’une personne dans un centre-ville donné, plusieurs facteurs doivent être évalués. Suite à l’étalement urbain du courant moderniste, les villes ont perdu leur identité tant d’un côté sociale que d’un aspect physique. Pourtant les tendances urbaines des dernières années devraient favoriser une migration vers les centres-villes. Plusieurs changements sociaux attirent les gens vers un lieu urbanisé, comme par exemple le vieillissement de la population. Ce groupe d’individus nécessite une proximité à différents usages et fonctions pour faciliter et améliorer leur qualité de vie. Pour arriver à la ville urbaine désirée, il est important d’avoir une diversité des fonctions et une densification des secteurs centraux (Evans et Foord, 2007).
La mixité physique, soit les bâtiments, les sites et même les secteurs, favorise plusieurs facteurs important de la densification, comme par exemple les logements, les emplois ainsi que minimiser les déplacements. La mixité sociale, qu’en à elle, représente la vitalité sociale des individus. L’économie et l’environnement sont deux éléments importants qu’il est nécessaire d’analyser face à la mixité tant physique que sociale. Une solution simple, qui minimiserait les impacts environnementaux, serait de recycler les bâtiments industriels, soit en les transformant en bâtiments résidentiels ou encore en créant des bâtiments à usages multiples. De plus, il serait pertinent d’utiliser les terrains vacants pour faire des espaces aménagés et ainsi minimiser l’utilisation de l’automobile. Pour bien identifier les besoins face à la mixité des fonctions, Rowley précise différents éléments à prendre en considération tel que le type d’emplacement, les caractéristiques du projet, le marché, ainsi que la planification urbanistique de la ville (Evans et Foord, 2007).
Étant donné que les centres-villes polarisés sont souvent organisés sous forme d’urbanisme fonctionnaliste, les différents secteurs physiques sont éloignés les uns des autres. La théorie « New Urbanism » favorise la mixité tant physique que social. Elle prône la densification et défend les quartiers piétonniers avec un transport public efficace (Alejandro Busa, 2007). Plusieurs autres problématiques peuvent causer la ségrégation sociale dans un centre-ville. Par exemple, un village touristique, qui possède toutes les mixités de fonctions nécessaires pour y vivre, se retrouve à vivre le phénomène de ségrégation sociale. Ce phénomène a été vécu à West Palm Beach en Floride et ainsi a créé une homogénéité des classes sociales (Fainstein, 2005). Cette conséquence pourrait être ressentie à plusieurs types d’échelle de ville.
PISTE DE SOLUTION
Pour contrer les phénomènes des centres-villes polarisés, plusieurs solutions pourraient être appliquées par rapport à la mixité de l’urbanisme fonctionnaliste. La modernité a amené plusieurs problématiques dans les centres-villes urbains. Cependant, dans les vingt dernière années, plusieurs actions ont commencés à être mises en œuvre pour vaincre la polarité, comme par exemple, le gouvernement Néerlandais donnant des subventions à la ville d’Amsterdam pour abaisser le coût des loyers dans le centre-ville. Cette action permettrait de développer une mixité ethnique et des classes sociales, ainsi que de réduire l’embourgeoisement dans la ville (Musterd et Salet, 2003).
Un autre phénomène est observé dans les centres-villes; l’ajout de pôles touristiques et économiques. Il est possible d’atteindre une mixité complète des fonctions dans une ville, mais peut-être qu’elle ne doit pas l’être en tout temps. Par exemple, un pôle touristique peut faire tourner l’économie d’une ville. C’est ainsi que l’on peut observer deux types d’échelles économiques, l’échelle quotidienne, et l’échelle internationale. Ce deuxième type d’échelle ne représente pas une mixité complète mais favorise l’économie de la ville. Time Square à New York est un exemple concret de secteur touristique faisant rouler ce type d’économie tout en n’étant pas une solution de mixité de fonctions complète, tel que décrit précédemment.
Selon l’article « The generation of Diversity », les éléments urbains tels que l’environnement et l’économie, contribuent à améliorer la qualité de vie dans les villes ayant une densité plus élevée. Cette densification amène une durabilité urbaine à partir de la mixité des usages tant physique que sociale (Evans et Foord, 2007). La HafenCity de Hambourg est un exemple d’une nouvelle façon de planifier une ville en concilient mixité, design et espace public (Claus-C. Wiegandt, 2012).
Selon Bentley, la mixité de fonction d’un lieu ne tient pas du simple fait de prévoir des activités variées sur un site, mais bien du fait que chacune d’entre elles se supportent l’une et l’autre, afin que tout coexiste en harmonie (Bentley, 1985).
Dès le début du 20e siècle, plusieurs centres-villes ont été transformés par le courant modernisme. L’urbanisme fonctionnaliste est un des résultats de ce courant. Pour mieux comprendre cette tendance de l’époque, il suffit de penser à une ville éclatée en différentes zones. Ces zones représentent chacune une affectation ou une fonction distincte. Pour former les zones, les secteurs ont été rassemblés en lieu ayant des activités semblables, comme par exemple un secteur commercial, industriel, résidentiel ou même institutionnel, voir la figure 1.1 pour un exemple (David Paradis, 2013).
Malgré les demandes de revitalisation des centres-villes, certains poursuivent le développement des centres d’affaires unifonctionnels. Dû à cette forte croissance, plusieurs problématiques font surface. Il y a ainsi une perte d’urbanité. Pour plusieurs architectes, l’urbanité montre une différente typologie de bâtiments. Pour les urbanistes et les designers urbains, celle-ci représente l’efficacité des transports publics et des rues piétonnes (Alejandro Busa, 2007). Selon Jan Schewer, l’urbanité peut-être représentée par le courant anti-moderniste (reprit par Alejandro Busa, 2007). Ce courant est une réaction contre les développements de l’après-guerre, comme par exemple le « Broadacre City, 1945 » de Frank Lloyd Wright et la « Ville Radieuse, 1933 » de Le Corbusier. Le développement unifonctionnel, des centres d’affaires et par le fait même des banlieues, entraine plusieurs répercutions sur la qualité de vie dans les centres-villes. Une certaine ségrégation se forme entre les différentes classes sociales. Pour résoudre les problématiques ressenties dans les secteurs unifonctionnels des centres-villes, certaines mesures de revitalisations peuvent être pratiquées. Jane Jacobs propose une planification de la ville qui favorise les interactions entre individus, les courtes rues et la mixité des fonctions dans les villes (reprit par Alejandro Busa, 2007). La diversité rend ainsi la ville plus attrayante et peut être la source de la production économique. Différents facteurs peuvent influencer la mixité urbaine des fonctions. Les milieux urbains, par les secteurs multiculturels, les différences ethniques et les classes sociales homogènes, en sont des facteurs importants et par le fait même des résultats de l’urbanisme fonctionnel. La mixité des fonctions touche à plusieurs éléments de la ville. La densification de la ville par la mixité des fonctions peut avoir plusieurs répercutions sur diverses éléments qui la rendraient attirante tel que le développement des transports en commun. D’un autre côté, la ville densifiée fait l’objet de mixité sociale et de mixité physique (Evans et Foord, 2007). Le but premier de ces mixités est d’améliorer la qualité de vie des habitants.
LA MODERNITÉ SOUS L’ANGLE DE LA MIXITÉ DES FONCTIONS
Le courant modernisme a simplifié l’urbanisme des grandes villes en ne reflétant pas une vision qui représente la vie urbaine répondant aux réels besoins des usagers. La mixité des fonctions appréciables des anciennes villes de la fin du 19e siècle, fait place à la mono-fonctionnalité des espaces et des bâtiments au cœur des centres-villes. Pour faire suite à l’industrialisation et à la première guerre mondiale, les planificateurs urbains modernistes ont voulu développer de nouvelles villes «plus propres», mieux gérées, où les piétons ne croisent aucun véhicule et où les activités sont cantonnées en fonctions semblables, dans le but de créer une cohérence. Bien que présentée comme un intérêt public, cette vision de créer une nouvelle ville ne faisait pas l’unanimité (Fainstein, 2005).
En effet, ce courant est vu comme une vision singulière de la ville ne tenant pas compte des autres visions d’organisation spatiale, plus complètes, que la ville aurait pu prendre. Tout en diminuant l’inconfort procuré par les villes industrielles, les planificateurs urbains auraient pu améliorés les conditions de vie de la population désavantagée par ces villes industrielles (C. Scott, 1998; reprit par Fainstein, 2005). Au lieu de cela, ils ont proposé de séparer les fonctions, augmentant ainsi l’efficacité plutôt que l’équité en visant l’uniformité.
En lien avec le courant modernisme, Daniel Burnham influence les principes de planifications urbaines avec son concept de «masterplan» qui représentait une forme d’idéologie. Ce ne fut qu’après la période de la deuxième guerre mondiale que les critiques urbains soulevèrent les problématiques propres à ce courant. En effet, dans les années ’30, cette restructuration urbaine semblait être une prise de décision réformiste menant à une solution contre la Grande Dépression suivant la crise économique de 1929. Elle semblait vouloir améliorer la ville et l’assainir par rapport à ce qu’elle représentait après la révolution industrielle.
Immédiatement après la deuxième guerre mondiale, les mesures gouvernementales ont emboité le pas et ont sponsorisé de nouvelles villes et centres urbains, désertant les centres actuels mono-fonctionnels. La fusion du modernisme et du désir Haussmanien de reconstruction urbaine d’après-guerre, a eu pour seul effet de produire davantage de constructions en béton et une multitude d’autoroute traversant les villes pour rejoindre les différents pôles de fonctions séparées (Fainstein, 2005).
Ensuite, selon Fainstein (2005), dans la deuxième moitié du 20e siècle, la conservation du tissu urbain est venu freiner et contaminer les nouveaux projets de restructurations urbaines dans les centres existants. Les auteurs et théoriciens de différents domaines ont, depuis les années ’60, apporté des stratégies éloquentes stimulant l’hétérogénéité physique ainsi que sociale afin d’améliorer la qualité de vie en centre urbain pour redonner une mixité de fonctions à ceux-ci. La plus influente d’entre eux est, selon Fainstein (2005), Jane Jacobs qui prétend qu’une ville basée sur une multitude de fonctions différentes amène une diversité économique et sociale. Selon Jacobs, les gens aiment les villes qui sont densément peuplées offrant de petites rues, une mixité de fonctions et permettant une multitude d’interactions entres les usagers de celles-ci (Jacobs, 1961; reprit par Fainstein, 2005).
La mixité de fonctions au sein de la réhabilitation des centres-villes représente la nouvelle ligne de conduite des urbanistes. Cela constitue, d’une certaine manière, l’antithèse de la précédente direction que prenait le design urbain qui consistait en la ségrégation de la ville en l’homogénéité des pôles de fonctions. Cette doctrine correspond aux obsessions d’ordre, d’efficacité, de protection et de propreté autour desquelles tournaient les valeurs du modernisme. Ces obsessions ont ensuite été vues comme le produit de la lassitude et de la discrimination face aux changements de mixité ethnique, sociale, économique, architecturale et urbaine.
Ce courant, malgré qu’éteint, impose toujours son influence dans la vie quotidienne des citadins de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Influence entre autre observable avec cette dépendance à la voiture à laquelle est attachée l’usager de la ville voulant se déplacer d’un pôle à l’autre. Il s’agit d’une conséquence directe du courant modernisme. Selon Thompson, l’urbanité est caractérisée par la diversité, la densité et l’interaction sociale, l’inverse de la vie de banlieue influencée par la modernité (Thompson,2007; reprit par Busà, 2007)
Les vingt dernières années quant à elles sont une progression et une tentative de rupture du plan moderniste. On s’éloigne de plus en plus du district urbain mono-fonctionnel et de l’érosion de l’interaction social du développement suburbain (Lees, 2012). Le retour en arrière est maintenant difficile puisque les petits commerces de proximité relocalisés suite à l’unification du modernisme, sont maintenant regroupés dans les centres commerciaux périurbains. De plus, ces centres commerciaux ont dû être relié par des autoroutes devenues barrières urbaines.
LES CARACTÉRISTIQUES QUI PEUVENT INFLUENCER LA MIXITÉ
Plusieurs caractéristiques ont, au cours de l’évolution de la ville, influencé la mixité des fonctions au sein de celle-ci. Encore aujourd’hui, ces aspects de l’urbanité, maintiennent la ville dans un cadre de mono-fonctionnalisme et évoluent lentement vers l’utopie que nous espérons.
Certains théoriciens et urbanistes qui, de nos jours, pensent les nouveaux centres-villes ont l’objectif et le souhait de stimuler la croissance démographique et physique. Pour eux, atteindre l’équité sociale et urbaine, est la clé pour une mixité de fonctions tant au point de vue urbain physique que social. En accord avec Fainstein (2005), la diversité attire le capital humain, encourage les innovations et assure l’équité et l’égalité des accès à une variété de groupes. La meilleure approche pour tendre vers cet objectif serait d’augmenter la diversité à la fois, au sein de la société, de la base économique, et de l’environnement bâti.
La polarisation des fonctions en centre urbain amène le phénomène de nouveaux centres. Ces derniers sont situés au croisement entre deux mouvements, ou manières de changer la vieille ville. Il y a un désir d’amplification de la signification des vieux centres avec l’embourgeoisement parallèlement à la formation de nouvelle centralité, tout en changeant une urbanité sous les conditions de la société contemporaine globalisée ou société mondiale (Helbrecht and Dirksmeier, 2012).
Puisque la globalisation mène à une diminution de l’importance de la signification de vieux centres dû à la décontextualisation de ces derniers, les nouveaux centres-villes ne devraient pas seulement offrir un équilibre entre l’habituel et l’anormal, mais aussi des avantages spatiaux ou des «scènes» s’ils veulent mettre l’emphase sur un événement ou un aspect particulier et marquant de la ville ce qui aurait pour effet de valoriser la centralité urbaine par l’économie (Helbrecht and Dirksmeier, 2012).
Un exemple amené par Susan Fainstein (2005) est le cas d’Amsterdam et comment son contraste entre le vieux et le nouveau centre est la preuve que l’homogénéité architecturale et rurale peut amener une mixité de fonction. En effet, dans l’enceinte du vieux Amsterdam il est obligatoire d’avoir une diversité sociale et économique; une juxtaposition entre les ateliers d’artistes, les lieux de divertissement, les résidences et les bureaux côte à côte est apportée. Aussi, par des subsides gouvernementaux, le coût du loyer en centre urbain historique est adapté en fonction du salaire de la classe moyenne, ce qui peut intervenir dans la mixité ethnique et des classes sociales.
Dans la suite des évènements historiques, le postmodernisme est venu générer une nouvelle tentative de mixité en intégrant des pôles d’intérêts touristiques et de divertissement qui auront pour effet d’amener une synergie qui promeut l’économie et la productivité (Fainstein, 2005). Un quartier homogène en terme d’ethnicité peut créer un pôle touristique. Malgré le fait qu’il contribue à la mono-fonction du lieu, il entraîne un aspect économique d’importance pour les grandes villes. L’exemple de Chinatown à New York est l’un des plus flagrant et explicite pour dénoncer l’homogénéité urbaine. En effet, tout comme Time Square, il représente un pôle de vitalité urbaine et économique. Toutefois, ils peuvent être vu en tant que mixité de production et de consommation qui prennent place simultanément (Sassen and Roost, 1999), créant ainsi un engrenage économique pouvant tendre vers une mixité dites économique et sociale. Néanmoins, il ne s’agit pas encore d’une mixité complète car elle n’implique pas une équité social au même titre que la croissance économique (Florida, 2002 reprit par Fainstein, 2005), accentuant ainsi une forme de ségrégation entre certaines parties de la ville.
D’un point de vue de l’organisation spatiale urbaine, les polarités créent des désavantages. Cependant, d’un point de vue social elle a amené une productivité économique, et une tolérance, qui a mené à l’acceptation; comme par exemple les quartiers guais ou certains quartiers ethniques. Une fois un quartier bien intégré au sein de la ville, les citoyens l’acceptent et au fil du temps, deviennent enclin à permettre une mixité sociale dans de nouveaux quartiers (Florida, 2002; reprit par Fainstein, 2005). C’est le cas des anciens quartiers industriels réhabilités qui amènent une mixité sociale d’artistes avec leurs galerie d’arts aux rez-de-chaussée et des gens plus aisés dans les nouveaux lofts des derniers étages, par exemple.
LE DÉVELOPPEMENT DE LA MIXITÉ PHYSIQUE ET SOCIALE
Pour améliorer la qualité de vie d’une personne dans un centre-ville donné, plusieurs facteurs doivent être évalués. Suite à l’étalement urbain du courant moderniste, les villes ont perdu leur identité tant d’un côté sociale que d’un aspect physique. Pourtant les tendances urbaines des dernières années devraient favoriser une migration vers les centres-villes. Plusieurs changements sociaux attirent les gens vers un lieu urbanisé, comme par exemple le vieillissement de la population. Ce groupe d’individus nécessite une proximité à différents usages et fonctions pour faciliter et améliorer leur qualité de vie. Pour arriver à la ville urbaine désirée, il est important d’avoir une diversité des fonctions et une densification des secteurs centraux (Evans et Foord, 2007).
La mixité physique, soit les bâtiments, les sites et même les secteurs, favorise plusieurs facteurs important de la densification, comme par exemple les logements, les emplois ainsi que minimiser les déplacements. La mixité sociale, qu’en à elle, représente la vitalité sociale des individus. L’économie et l’environnement sont deux éléments importants qu’il est nécessaire d’analyser face à la mixité tant physique que sociale. Une solution simple, qui minimiserait les impacts environnementaux, serait de recycler les bâtiments industriels, soit en les transformant en bâtiments résidentiels ou encore en créant des bâtiments à usages multiples. De plus, il serait pertinent d’utiliser les terrains vacants pour faire des espaces aménagés et ainsi minimiser l’utilisation de l’automobile. Pour bien identifier les besoins face à la mixité des fonctions, Rowley précise différents éléments à prendre en considération tel que le type d’emplacement, les caractéristiques du projet, le marché, ainsi que la planification urbanistique de la ville (Evans et Foord, 2007).
Étant donné que les centres-villes polarisés sont souvent organisés sous forme d’urbanisme fonctionnaliste, les différents secteurs physiques sont éloignés les uns des autres. La théorie « New Urbanism » favorise la mixité tant physique que social. Elle prône la densification et défend les quartiers piétonniers avec un transport public efficace (Alejandro Busa, 2007). Plusieurs autres problématiques peuvent causer la ségrégation sociale dans un centre-ville. Par exemple, un village touristique, qui possède toutes les mixités de fonctions nécessaires pour y vivre, se retrouve à vivre le phénomène de ségrégation sociale. Ce phénomène a été vécu à West Palm Beach en Floride et ainsi a créé une homogénéité des classes sociales (Fainstein, 2005). Cette conséquence pourrait être ressentie à plusieurs types d’échelle de ville.
PISTE DE SOLUTION
Pour contrer les phénomènes des centres-villes polarisés, plusieurs solutions pourraient être appliquées par rapport à la mixité de l’urbanisme fonctionnaliste. La modernité a amené plusieurs problématiques dans les centres-villes urbains. Cependant, dans les vingt dernière années, plusieurs actions ont commencés à être mises en œuvre pour vaincre la polarité, comme par exemple, le gouvernement Néerlandais donnant des subventions à la ville d’Amsterdam pour abaisser le coût des loyers dans le centre-ville. Cette action permettrait de développer une mixité ethnique et des classes sociales, ainsi que de réduire l’embourgeoisement dans la ville (Musterd et Salet, 2003).
Un autre phénomène est observé dans les centres-villes; l’ajout de pôles touristiques et économiques. Il est possible d’atteindre une mixité complète des fonctions dans une ville, mais peut-être qu’elle ne doit pas l’être en tout temps. Par exemple, un pôle touristique peut faire tourner l’économie d’une ville. C’est ainsi que l’on peut observer deux types d’échelles économiques, l’échelle quotidienne, et l’échelle internationale. Ce deuxième type d’échelle ne représente pas une mixité complète mais favorise l’économie de la ville. Time Square à New York est un exemple concret de secteur touristique faisant rouler ce type d’économie tout en n’étant pas une solution de mixité de fonctions complète, tel que décrit précédemment.
Selon l’article « The generation of Diversity », les éléments urbains tels que l’environnement et l’économie, contribuent à améliorer la qualité de vie dans les villes ayant une densité plus élevée. Cette densification amène une durabilité urbaine à partir de la mixité des usages tant physique que sociale (Evans et Foord, 2007). La HafenCity de Hambourg est un exemple d’une nouvelle façon de planifier une ville en concilient mixité, design et espace public (Claus-C. Wiegandt, 2012).
Selon Bentley, la mixité de fonction d’un lieu ne tient pas du simple fait de prévoir des activités variées sur un site, mais bien du fait que chacune d’entre elles se supportent l’une et l’autre, afin que tout coexiste en harmonie (Bentley, 1985).